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"On compte sur toi", le nouveau roman de Gilles Abier

Rudy a du mal à parler avec ses parents. Depuis que sa sœur a quitté la maison pour inventer son avenir, le lycéen se retrouve en tête à tête avec eux. Il a de l'espace et pourtant il étouffe. Il se sent seul mais rêve de grand air. De fuir les salles de classe, la banlieue, et d'aller travailler dans les champs. Ce sera le maïs. Les vendanges. Rudy veut s'évader car les espoirs des parents, loin de rester secrets, sont devenus monstrueux.

Ils ont dressé une prison.
On a coutume d'invoquer le mutisme des ados. Ils seraient taiseux. En retrait. Retranchés dans leur chambre, sous leurs écouteurs, et inaccessibles. Voilà pour le cliché. Gilles Abier leur rend la parole et ouvre une autre dimension. Ce manque de dialogue, s'il était le fait des adultes ? Logé dans les silences et les tabous de la mère, qui s'entête à taire l'identité du père, dans « Comme ton père ». Dans des ambiguïtés retorses, des complicités peureuses, des dissimulations voire des mensonges, dans ce nouveau roman, « On compte sur toi ». Qui tait, qui ment, qui manipule ? Et quand il s'agit d'entrevoir les avenirs possibles, les parents ont-ils le monopole du discernement ?
Ce nouvel opus de Gilles Abier est le parfait pendant au premier livre publié chez Faction. L'auteur continue de sonder les failles du dialogue parent-enfant, en portant la toxicité et le danger un cran au delà. C'est un roman d'apprentissage, dans lequel le jeune n'est pas épaulé par les adultes, mais au contraire doit déjouer les pièges dressés plus ou moins consciemment par ceux-ci. Décillé, le jeune homme perçoit leurs blessures – alors oui, la statue du commandeur s'effondre, les modèles tombent. Les adultes sont aussi fragiles que les jeunes. Heureusement, ces derniers inventent toujours un chemin vers la franchise et la responsabilité.

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