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Vindicte : regarder l'histoire en face

Gildas Guyot ne prend pas de gants. Il n'a aucun souci pour le confort du lecteur. Ses textes rudoient, et « Vindicte » ne déroge pas à la règle : « un récit intense pour regarder l’Histoire en face », nous dit Raphaële Botte (Télérama) en lui décernant la recommandation maximale, les 3T. Gildas signe là son premier livre depuis Maktaaq (2020), un livre pour ceux qui n'ont pas peur de regarder les adultes en face, donc, ou l'histoire. Même quand ça fait mal. Même quand ça fait honte.


Et pourtant, il y a une grande douceur dans la voix d'Arsinoé. C'est une femme amoureuse qui nous parle, c'est une toute toute jeune femme qui se met à chanter, là, au centre du kiosque à musique. Elle s'apprête à chanter, et ce qu'elle va chanter sera un chant tragique, cette jeune femme assise sur un tabouret, cette jeune femme que l'on va tondre en place publique, parce qu'elle fréquentait Hannes, un officier allemand dont elle est tombée amoureuse. Là, au milieu du parc, au centre du kiosque à musique, sous les yeux de la foule immense venue la conspuer, Arsinoé se met à vous raconter sa vie, sa courte vie.
Vindicte est un texte puissant. Quand un texte étreint le cœur, on dit de lui qu'il est poignant. Il est difficile, car sans concession il dit la cruauté des hommes, la violence brutale, l'acharnement aveugle. Il est doux, car face à cette colère s'élève le chant d'une femme, qui elle ne cesse d'aimer, qui nous dit son humanité lucide et simple. Car Arsinoé ne crache pas, elle, sur ceux qui la huent. Les vainqueurs se déshonorent, et c'est elle, elle seule, qui par sa dignité nous dit que l'humanité n'est pas totalement perdue. C'est doux comme une ritournelle chantée d'une voix blanche, car Arsinoé n'a plus de larmes, elle est déjà au delà de la colère et de la douleur.
Lisez-le.